Le Coeur du Texas - Disponible


Riley Hayes, le play-boy de la famille Hayes est un jeune homme qui semble tout avoir : argent, une carrière qu’il aime et tout un choix de jolies jeunes femmes. Son père, le PDG de la Hayes Oil, passe les rênes de la société à ses deux fils, mais une exigence particulière est attachée à la part qui revient à Riley : « se marier et rester marié pendant un an à quelqu’un qu’il aime ».

Irrité par la requête, Riley cherche un moyen de faire payer la condition à son père. Faire chanter Jack Campbell pour qu’il l’épouse « par amour » convient parfaitement à son but. Il n’y a aucune mention dans les documents de son père que le mariage doit avoir lieu avec une femme et Jack Campbell est le fils du principal rival de Hayes Senior. C’est donc gagnant-gagnant. 

Riley épouse Jack et brusquement, tout son monde se retrouve sens dessus dessous. Il n’a pas compté sur le fait que Jack Campbell, éleveur tranquille et modeste, est une force de la nature à part entière.

C’est une histoire de meurtre, de tromperies, de lutte pour le pouvoir, de désir et d’amour, de la vie très étendue d’un rancher et de l’existence tourbillonnante d’un play-boy. Mais, à travers tout cela, comme Riley l’apprend au fil des mois, c’est une histoire sur la famille et sur tout ce que ce mot veut dire.

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Extrait


CHAPITRE UN

— Asseyez-vous, les garçons, déclara fermement Gerald Hayes, le dos tourné à l’horizon de Dallas, les bras croisés sur la poitrine.

Ils obéirent à sa demande, puisqu’il s’agissait davantage d’un ordre, tous deux s’installant dans les fauteuils en cuir disposés devant le bureau. Ils affichaient des expressions différentes, bien qu’ils soient ses fils.

Jeff était le portrait craché de son père, mesurant un mètre quatre-vingt-quinze, imposant, ne refusant pas d’utiliser des moyens que d’autres pourraient considérer comme sournois ou détournés pour parvenir à ses fins. Il avait conclu de bons marchés pour Hayes Oil, de très bonnes affaires. Sous son contrôle, la compagnie s’était développée en force, grâce à des transactions bien placées et à quelques récompenses sonnantes et trébuchantes, voire discutables, pour les personnes adéquates.

C’était ainsi que Hayes Oil en était arrivée là où elle était aujourd’hui : la deuxième plus grande compagnie pétrolière de Dallas, avec des milliards qui passaient dans leurs coffres tous les ans, avec plus de sept cents personnes travaillant rien qu’au siège social. Jeff était une personne de l’ancien temps, il savait quand faire face, quand reculer, quand acheter. C’était une joie pour le vieil homme de le regarder. Jeff était assis dans son siège, le dos droit. Il était calme, avec un visage pratiquement inexpressif et ses yeux ressemblaient à des morceaux de glace. Il était vêtu d’un costume Armani gris foncé, sans le moindre faux pli, parfaitement accordé à sa chemise blanche éclatante et à sa cravate marron foncé. Ses mains étaient posées sur ses genoux, ses ongles parfaitement manucurés. Il émanait de lui, par vagues palpables une certaine expectative, parfaitement dissimulée cependant. Gerald ne pouvait pas être plus fier de son fils aîné. Jeff incarnait le choix parfait pour faire partie de la nouvelle ère de Hayes Oil, son élève et son succès.

Riley, son second fils, ne faisait que trois centimètres de moins que Jeff, se montrait presque aussi froid et était assis, aussi calmement. Enfin… presque. Lui aussi portait un costume Armani, mais aussi noir que du charbon, avec une chemise en soie noire et sans cravate. Il exsudait la même confiance que son frère aîné, mais avec une subtile différence. C’était la version indomptable de son frère. Son cadet utilisait les mêmes tactiques que sa mère et profitait de l’argent que possédait la famille Hayes, largement plus que ce qui était vraiment nécessaire. Mais il fallait reconnaître que, sous sa direction, le service des recherches et de développement avait prospéré. Gerald était aussi vigilant à l’égard de Riley que de son aîné – mais pour différentes raisons.

Riley prenait des décisions en suivant son cÅ“ur, par un instinct incommensurable, bien trop souvent pour rendre Gerald heureux de laisser Hayes Oil sous son contrôle pendant une période prolongée. Pourtant, Riley méritait une place chez Hayes Oil, après tout, supposa-t-il, quelles que soient ses pensées et ses décisions prises, c’était son héritage également.

Riley paraissait fatigué aujourd’hui et Gerald baissa les yeux sur l’exemplaire du Dallas Morning posé sur son bureau, sachant ce qui se trouvait en page sept, celle des ragots. Et vu la preuve qui se tenait devant lui, cela rendait sa décision plus facile encore.

— Comment va Lisa ? demanda-t-il à Jeff, sur le ton de la conversation, jetant un coup d’Å“il aux photos groupées sur un côté de son bureau – sa famille dont Jeff avec les bras passés autour de sa femme blonde et parfaite, avec ses deux petits-fils qui posaient.

Cela l’emplit de fierté de voir que les générations suivantes déployaient le nom des Hayes. Il regarda la photo de sa plus jeune, Eden, et de Riley, chacun seul sur un cliché, pour des raisons totalement différentes.

En soupirant, il décroisa ses bras, se demandant si ce qu’il était sur le point d’annoncer changerait la face de sa société pour toujours.

***

Jim Bailey était furieux. Il ne pouvait qu’imaginer seulement ce que Riley devait endurer à cette minute précise et il savait que quelqu’un devait y aller et le trouver avant que le second des fils Hayes braque une arme sur la tête de son père. Il avait regardé lorsque Gerald et le fils préféré étaient partis. Le bras du vieil homme était posé sur les épaules de Jeff, pendant qu’ils tenaient une conversation avec leurs têtes rapprochées et cela lui avait meurtri le cÅ“ur. C’était Jim qui avait préparé les documents légaux, Jim qui s’était battu contre l’idée idiote que Haynes Senior proposait. Quelqu’un devait être du côté de Riley dans tout ce fatras, même si cela signifiait que c’était la fin de son mandat chez Hayes Oil et il savait où était Riley. Il prit l’ascenseur et sortit au soixante-cinquième étage, suivit le couloir sombre, jusqu’à la salle des cartes. C’était l’endroit où Riley pouvait toujours être trouvé si le stress induit par sa famille devenait trop lourd, assis, jambes croisées sur le sol, à même ses cartes bien-aimées. Il passait des heures à étudier les documents géologiques, les résultats des statistiques, son instinct conduisant son service à prendre des décisions qui avaient permis de quadrupler la production de Hayes Oil depuis ces deux dernières années. Cela étonnait Jim qu’un si jeune homme, d’à peine vingt-sept ans, ait un tel don. Cela lui rappelait l’ancien temps, lorsque Gerald et Alan retroussaient le bas de leurs pantalons pour localiser de nouvelles réserves de pétrole, juste au feeling.

Jim hésita devant la porte, se blindant pour ce qu’il savait découvrir à l’intérieur. Riley allait, à juste titre, être furieux contre lui pour avoir mis au point les changements juridiques au sein de la société, le concernant. Il considérait Jim comme un ami et, en tant que tel, il avait probablement le droit d’en attendre davantage. Inspirant profondément, il ouvrit la porte pour trouver la grande pièce plongée dans une totale obscurité, la seule lumière provenant de la soirée texane et des lumières de la ville à l’extérieur. Ce n’était pas difficile de localiser Riley. Jim pouvait pratiquement toucher la colère qui irradiait de la silhouette qui se tenait près de la baie vitrée, à moitié dissimulée dans l’ombre. Jim ne dit rien, se contenta de refermer la porte derrière lui et s’appuya contre elle. Il desserra sa cravate et se concentra sur la forme sombre. Riley était enfermé dans le silence, regardant à travers la vitre.

— Vingt-deux pour cent, dit finalement Riley.

Ses mots étaient tranchants et tendus.

Jim pouvait voir son propre reflet dans la même fenêtre, hésitant, perdu, attendant simplement l’explosion. Il avait su. Il l’avait senti dès que les chiffres étaient tombés sur son bureau. Pour l'amour de Dieu, il était l’avocat de la société ! Il faisait partie de ceux qui avaient rédigé les contrats de transfert, celui qui connaissait tous les détails depuis trois jours, bien avant Riley.

Sa colère vis-à-vis de ce que Gerald l’avait forcé à faire se manifestait par un sentiment de culpabilité. Dieu seul savait à quel point il avait voulu dire quelque chose. Chaque fois qu’il avait levé les yeux vers le jeune homme qui travaillait si dur pour cette société, il avait voulu révéler à Riley ce que Gerald projetait de faire. Mais cela n’avait jamais été le bon moment, jamais la bonne raison, et maintenant… maintenant, il allait payer pour sa trahison.

— Riley ?

La mauvaise humeur de Riley explosa.

— Putain ! Moins d’un tiers ! La même chose que ma sÅ“ur !

Il commença à aller et venir, agitant ses mains, sa frustration se reflétant dans chacun de ses mouvements exagérés. Jim fit la grimace parce qu’il savait que le pourcentage qu’Eden avait obtenu n’était pas la raison de la mauvaise humeur de Riley. Il était proche de sa sÅ“ur, il l’aimait, elle et son addiction au shopping, et n’en voulait pas du tout à sa Paris Hilton de sÅ“ur en devenir. Non, le fait était que ce n’était pas juste du tout. Son frère, son bâtard encensé de frère venait juste de se voir remettre quarante-huit pour cent de Hayes Oil, et le contrôle effectif sur la compagnie.

Dans une rafale de mouvements soudains, mais contrôlés, Riley tourna les talons, jeta ce qu’il avait en main à travers la pièce, ratant Jim de quelques centimètres. C’était un lecteur de cartes, un appareil facturé à cinquante mille dollars qui alla s’écraser contre le mur vitré, puis cela commença. Les paroles que Jim avait attendues.

— Il était assis là, dans sa putain de salle du trône, et il m’a tout enlevé pour le donner à Jeff !

C’était très rare qu’il se mette autant en colère et Jim se retourna tandis que Riley allait et venait autour des tables qui les séparaient.

— Et sais-tu pourquoi ?

Il s’arrêta, attrapa le journal qui gisait, bouchonné, formant des angles étranges sur la table à cartes située près de la porte et, d’un seul mouvement, Riley balaya toutes les pages, les envoyant valser au sol, sauf une feuille qu’il garda. Il jeta un coup d’Å“il à l’image qui avait été prise la veille, montrant Riley et Steve à un club, les bras l’un autour de l’autre, Steve affichant son large sourire habituel, Riley paraissant plus sauvage dans son attitude avec des verres remplis de Jack Daniels et de José Cuervo.

— Ceci !

C’était un cliché habituel, une image floue venant des paparazzis qui suivaient Riley, le prince playboy avec une réserve sans fonds d’argent, partout où il allait. Il secoua la tête. Maintenant, Jim se sentait vraiment confus et n’arrivait pas à comprendre quel était le point de vue de Riley. Gerald avait expliqué très clairement que son fils aîné représentait le meilleur choix pour la société, celui qui était versé sur l’aspect commercial, celui avec le cerveau fixé sur les affaires. Il n’avait pas écouté quand Jim avait souligné l’étonnante remontée du service des recherches et du développement, l’augmentation de sites pétrolifères ou la manière dont Riley était engagé auprès de Hayes Oil. Il avait juste hoché la tête, comme s’il ne pouvait pas le croire, ou ne voulait pas le croire.

— La photo ?

Jim n’était pas stupide, le cliché ne montrait pas vraiment Riley sous son meilleur jour. Il y avait le flou qui entourait son sourire et une quantité injustifiée de peau affichée, alors qu’il était à moitié dans et hors du taxi, s’arrêtant manifestement pour poser avec son meilleur ami.

— Il a dit…

Riley marqua une pause, émettant un ricanement.

— … Que l’amitié que j’ai avec Steve est malsaine – malsaine, merde ! Qu’il était préoccupé par l’association de Steve avec les Campbell !

Le nom de Campbell sortit avec rage et dégoût, exactement de la manière dont Gerald Hayes l’aurait prononcé. Jim savait très bien comment il l’aurait dit.

— Oh, et ce n’est pas tout ! Parce que je ne me suis pas trouvé une jument poulinière comme mon putain de frère si parfait, alors bien entendu, je dois être indécis quant à ma sexualité.

Jim grimaça, à la fois à la description de la femme de Jeff en tant que jument poulinière, et à l’ensemble de la déclaration comme quoi il serait confus. Steve Murray, le meilleur ami de Riley depuis le collège, était ouvertement bisexuel, mais Riley, malgré un passé incluant aussi bien des hommes que des femmes, était beaucoup moins défini par une étiquette. Il avait une femme différente chaque nuit, plus jeune, plus âgée, plus riche, plus pauvre, cela n’avait aucune importance, pas plus que pour les hommes avec qui il était en de plus rares occasions, dans des arrière-salles où des toilettes, où qu’ils se trouvent. Quoi qu’il en soit, Riley avait toute une liste d’attente de personnes prêtes à sortir avec lui.

— Il m’a dit que je devrais prendre exemple sur maman et lui.

À nouveau, le ricanement apparut et Jim remarqua combien sa colère plissait son visage habituellement calme.

— Merde ! Comme si ma mère avait trouvé le mari parfait auprès de lui, comme Jeff avec son putain de mariage idéal avec Lisa et sa boisson.

Sa voix s’estompa, le venin contenu dans son ton était dur alors qu’il attaquait les mariages de sa famille la plus proche, basés sur des accords financiers, pour la galerie.

— Riley… commença Jim, pensant que, peut-être, un temps-mort pourrait faire du bien.

— Non, Jim. Non ! l’interrompit Riley, les mains serrées en poings. Tu sais ce qu’il a ajouté ?

Il s’interrompit. Bien sûr que Jim savait ce que Hayes Senior avait dit. Après tout, c’était bien lui qui avait rédigé ce fichu contrat. Riley baissa la tête, son visage révélant sa déception à la trahison de son ami. Jim se mit à prier pour que le jeune homme puisse comprendre que Gerald l’avait forcé à se mettre dans cette position.

— Il a déclaré que si je parvenais à me marier dans les trois prochains mois – si je me trouvais une jument poulinière à mon tour et que si je restais marié pendant un an… alors il me donnerait davantage de parts de Hayes Oil. Ce ne serait pas basé sur le travail que je fais, ni sur le fait que, sans moi, la société serait sans terres à exploiter pour les dix-huit prochains mois, mais uniquement sur un foutu mariage. C'est quoi ce bordel, Jim ? Je veux dire… Nous sommes au XXème siècle, plus au XIXème !

— Je sais, répondit simplement Jim, levant ses mains en guise de défense. J’ai essayé, Riley, j’ai vraiment essayé de le faire revenir sur sa décision. Je suis tellement désolé.

Il savait que sa voix montrait sa fatigue, sa tristesse. Toutes les émotions étaient retenues prisonnières en lui, suite à ce qu’il avait dû faire, surnageaient à la surface, se heurtant à la politesse qu’il devait montrer au monde chaque fois qu’il était au bureau. C’était presque comme si ses paroles trouvaient un écho dans la mauvaise humeur de Riley, aussi brusquement qu’un coup de poignard, et Riley se calma visiblement devant lui. Sa tête était courbée, ses courts cheveux blonds tombant son visage. Il avait l’air plus apaisé, mais Jim connaissait très bien le jeune homme : sa rage grondait clairement juste sous la surface.

— Comment puis-je faire ça, Jim ? Comment vais-je pouvoir montrer à ce salaud qu’il ne peut pas gagner ? Qu’il ne peut pas me forcer à me marier juste pour obtenir ce qui me revient de droit, de toute façon ?

Il leva les yeux vers lui, la lumière faible provenant de l’extérieur dessinant des ombres sur ses pommettes hautes et ses yeux vert-noisette. Sa lèvre inférieure fut prise entre ses dents, et la douleur affichée sur son visage était telle que Jim ne l’avait jamais vue auparavant.

— Je travaille foutrement dur pour cette boîte ! Que puis-je faire de plus ?

— Nous devons trouver quelqu’un avec qui te marier, Riley, une gentille débutante texane qui serait d’accord pour signer un contrat prénuptial, d’accord ? Une personne qui remplira les conditions et puis, quand cette prescription d’une année sera écoulée, tu pourras divorcer tranquillement.

Jim pouvait voir que Riley voulait dire qu’il ne pouvait pas faire ça, qu’aucune femme ayant deux sous de jugeote n’accepterait ces conditions, mais ils savaient tous deux qu’il serait aisé de trouver une mariée. Ils étaient conscients que l’opportunité d’épouser Riley Hayes allait faire sortir toutes les prétendantes possibles des bois, afin de pratiquement supplier d’être celle retenue.

— Je ne peux pas faire ça, dit simplement Riley. Je ne donnerai pas à papa la satisfaction de gagner comme ça.

Jim soupira.

— Cependant, c’est ce que tu feras en ne faisant rien. Pour lui, c’est une situation gagnant-gagnant. Admets-le, tu le laisses gagner, que tu te maries ou que tu refuses de le faire. Quoi qu’il en soit, Riley, tu es baisé. 


CHAPITRE DEUX


Steve grimpa par-dessus les longues jambes de Riley pour s’installer dans le coin. Son visage était plissé d’inquiétude. Encore une fois, Riley avait tellement bu ce soir qu’il était pratiquement inconscient. Son ami lui avait révélé toute cette histoire désolante, terminant par le fait qu’il savait que sa propre orientation sexuelle plutôt fluide avait été mise en jeu, ainsi que son amitié moins appréciée avec Elizabeth Campbell. Il était désolé. Il l’avait même répété à l'envi à un Riley tellement ivre qu’il était sur le point de rouler sous la table, mais se l’était vu verbalement renvoyé en pleine face. Puis ils s’étaient étreints jusqu’à ce qu’il ne puisse plus respirer, avec des promesses muettes d’amitié éternelle induites par les vapeurs de whisky. Donc, ils en étaient là ce soir. Avec encore un jour de plus ajouté à la liste de ceux où Riley n’irait pas à la monstruosité qu’était la société Hayes Oil. Un jour de plus où l’alcool l’avait poussé jusqu’à l’inconscience en compagnie de Steve. Celui-ci avait atteint la limite de ce qu’il pouvait supporter voir son meilleur ami traverser.

— J’t’ai vu dans l’parking, marmonna Riley, les yeux à moitié fermés par la fatigue et le whisky, ses mains fermement agrippées sur le bras de Steve.

Celui-ci cligna lentement des yeux, ne sachant pas d’où cela venait, mais pratiquement certain que cela allait aboutir à une séance d’autoapitoiement.

— Avec cette fille Campbell.

Riley semblait fier de lui-même d’avoir réussi à prononcer ces quelques mots correctement et il sourit. Mais le sourire n’atteignait pas ses yeux flous et épuisés.

— Beth est mon amie, déclara Steve.

C’était le moyen le plus facile de désamorcer les commentaires agacés qu’il ferait à propos de la querelle entre son père et les Campbell.

— C’est une Campbell, bredouilla Riley, faisant un signe de tête pour accentuer ses mots, déversant la moitié de son verre sur son jean et avalant le reste en une seule gorgée.

Steve soupira. Ainsi, cette soirée allait être placée sous l’éternelle question de « pourquoi ma famille doit-elle haïr les Campbell » ? Au lieu de ça, il fut surpris quand soudain, Riley releva la tête, avec une lueur enflammée dans les yeux.

— C’est ça ! Je vais épouser Beth Campbell.

Steve sentit son estomac se retourner aux mots jetés au hasard. Riley et Beth ?

— Riley, mec, Beth vient tout juste d’avoir vingt ans.

Son ami eut l’air momentanément perdu, clignant des yeux à plusieurs reprises.

— Je vais épouser Josh, alors, déclara-t-il prudemment.

— Josh est déjà marié.

Steve devina où cela allait aboutir. Ce qui ne laissait plus que…

— Jack, murmura Riley entre ses dents. Ça les emmerdera tous ! Il est gay. J… Jack…

Steve écarta précautionneusement les doigts de Riley de son bras, ouvrit son téléphone portable et appela un taxi. Quand son ami commençait à débiter des stupidités comme ça, c’était signe qu’il était grand temps de le ramener à la maison.

***

Riley grimaça alors que Jim le fixait avec une expression horrifiée.

— Es-tu certain que ce soit même valide ? demanda son ami.

— N’est-ce pas ton travail de le découvrir, Monsieur le Représentant Légal ? rétorqua simplement Riley. J’ai cherché sur Wikipedia.

Jim ricana, indiquant clairement, de manière succincte, ce qu’il pensait de Wikipedia en tant que source de renseignements.

— Tu as fait tes recherches, très bien, mais j’ai également fait les miennes et s’il y a une chose que je sais, si l’on en croit ce qui est indiqué, c’est que les Campbell sont dans une sacrée merde depuis le décès d’Alan.

— Riley…

Apparemment, Jim voulait arrêter la tournure particulière que prenait cette discussion. Riley n’allait pas le laisser faire.

— Jim, cela pourrait être une situation gagnant-gagnant pour les Campbell comme pour moi.

— Riley…

— Tu es avec papa depuis ma naissance. Tu dois savoir tout ce qu’il y a à connaître sur les Campbell et cette querelle qu’il y a entre eux. Parle-moi.

C’était une supplication, plutôt qu’un ordre, mais Riley put tout de même voir Jim flancher. Affichant son expression la plus honnête sur son visage, il ajouta les mots qui lui garantissaient d’obtenir de n’importe qui de céder à sa demande.

— S’il te plaît ?

— Bordel !

Jim se frotta les mains sur le visage.

— Ils avaient de l’argent pour commencer. Au début de la société pétrolière. Alan et ton père formaient une sacrée bonne équipe, à cette époque. Après la scission… Eh bien, Alan a toujours eu des rêves et des projets et a entraîné toute sa famille avec une idée ou une autre pour se faire de l’argent. Puis il y a eu le procès contre ton père – où il a essayé de prouver qu’il méritait une partie des bénéfices de Hayes Oil. Grâce à une combinaison de dettes de jeux et d’affaires louches, Alan Campbell a réussi à perdre tout ce qui lui restait, une fois que les avocats ont prélevé leurs honoraires. Il aimait vivre vite et en a payé le prix. Tu connais l’histoire. Il est mort alors que ses enfants étaient encore jeunes. Un idiot ivre a projeté sa voiture contre un poteau télégraphique. Jack était sur le point de terminer le lycée, Josh était absent, étudiant le droit à Berkeley et la petite fille n’arrêtait pas d’entrer et de sortir de l’hôpital, tellement elle était malade. Elle devait être en maternelle à cette époque, enfin, je suppose.

Jim se dirigea vers la fenêtre et regarda à l’extérieur. Riley attendit patiemment, se demandant si, peut-être, il ne voyait pas vraiment les imposants blocs de bureau du centre-ville de Dallas, mais était plutôt perdu dans des souvenirs lointains.

— Beth est née prématurément, un bébé tardif. Elle a un défaut cardiovasculaire congénital.

Il n’avait pas besoin de dire à Riley quel était le montant des factures de l’hôpital une fois que les assurances étaient passées.

— Cela a dû coûter une fortune d’inscrire Josh dans cette école de droit et de l’y maintenir. Alan n’a pas laissé de testament. Juste des dettes d’un kilomètre de long. Le ranch est hypothéqué jusqu’à plus soif… il l’est toujours. Donc Donna a continué en vendant le meilleur de ses possessions.

— Des actions ?

— Des chevaux. Elle possède le ranch Double D. Elle l’a hérité de son père. C’est de là que vient son nom… Derek Campbell et son seul enfant, Donna. Derek possédait les meilleures pouliches reproductives de l’État, ainsi que quelques-uns des plus beaux étalons. Il les entraînait également. Il a gagné différents prix. Il a procédé à des croisements qui ne lui ont pratiquement rien coûté, mais qui lui ont rapporté beaucoup. Il pouvait s’approcher suffisamment d’un bouvillon pour l’embrasser sur le museau.

Il secoua la tête.

— Donna les a vendus. C’est ce qui a permis de maintenir Josh dans cette université et de payer les opérations de la jeune Beth. Mais Jack a reformé un haras. La dernière fois que j’ai entendu parler de cette famille, il élevait de très bonnes pouliches et entraînait quelques chevaux pour leurs propriétaires.

— Comment peuvent-ils encore posséder ce ranch ? se demanda Riley à voix haute.

Un souvenir remuait la douleur enrobée de boue qui traversa son cerveau. Il plissa les yeux, essayant de se concentrer dessus.

— Je trouve ça difficile à croire qu’Alan ne s’en soit pas servi comme garantie pour les prêts.

— Il ne pouvait pas. Si je me souviens bien, l’intégralité des huit cents acres de terre appartient en propre à Donna. Elle a souscrit les hypothèques, mais Alan ne pouvait pas y toucher. Je suppose que Derek avait pris des dispositions inattaquables à l’encontre de son gendre afin de s’assurer que son héritage reviendrait à sa fille et à ses petits-enfants.

— Inattaquables. Ouais. C’est ce dont j’ai besoin.

Une conversation d’ivrogne, murmurée confidentiellement et cela pourrait lui servir de levier, en cas de besoin, si jamais Jack Campbell refusait de jouer son jeu. Son estomac se retourna.

— Trouve-moi tout ce que tu peux sur les Campbell et sur le ranch. Puis rédige un contrat de mariage, et nous téléphonerons pour mettre en place une réunion, afin d’amener les Campbell ici pour…

La voix de Riley s’estompa. Il déglutit, se mettant debout afin de regarder par la fenêtre de son bureau, sa tête rendue épaisse par sa gueule de bois, trouvant difficile d’aligner des phrases compréhensibles, avec le tonnerre qui tambourinait dans sa tête, induit par le whisky.

— Pour proposer un mariage entre deux personnes de même sexe qui ne sera probablement même pas légal ? offrit Jim, toujours serviable.

Riley fit une grimace. Quand Jim en parlait ainsi, ça sonnait plutôt mal.

— Ouais, dit-il, un peu incertain, tordant une main dans l’autre, avant de les laisser tomber et de dresser ses épaules, soudain tout à fait sûr de lui.

— Si ton père découvre que j’ai quelque chose à voir avec toi et cette idée stupide…

Jim grinça des dents tandis que Riley se dressait de toute sa hauteur et se penchait vers son vieil ami.

— Je vais obtenir ma part et je vais baiser mon père. Je vais faire venir Jack Campbell ici et je vais obtenir de lui qu’il accepte de m’épouser.




4 comments

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